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Sr. Sylvie Probst

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Sr. Sylvie, du jamais vu!  (de l'Abbé Nyeme Tese)

Fin 1977, Sr. Sylvie Probst arrivait parmi nous au Zaïre d'alors, âgée de 60 ans, ou mieux, d'expérience multiforme. Sûre d'elle-même jusque dans sa démarche et parfaite polyglotte, héritage de sa ville natale, Bâle en Suisse, située aux confins de trois pays, Sylvie est venue à Yanga grâce au concours providentiel des Soeurs de la Charité de la Sainte Croix d'Ingenbohl. Elle venait avec la conviction de n'y rester que tout au plus pendant une année. L'histoire, fort heureusement, nous fera bénéficier de son dévouement inégalé au service de l'annonce vécue de la Bonne Nouvelle du Salut et du développement intégral et durable au Sankuru jusqu'en 1989. Ces onze ans lui ont fourni le temps de donner à la Coopérative de Yanga (en sigle COYA) son visage actuel.

Personne profondément croyante en Dieu au nom duquel elle se mettait jour après jour au travail avec une zèle vraiment exceptionnelle, Sylvie se déclarait fière d'être la première à se mettre debout dès cinq heures du matin et la dernière à aller au lit autour de minuit, sans jamais faire la sieste, même si elle aimait dire: ne dites jamais jamais!

Qu'à-t-elle en fait réalisé par sa présence parmi nous à Yanga?

En religieuse expérimentée en matière de développement intégral en terres d'Afrique, Sylvie est bien celle qui a donné une impulsion nouvelle et décisive à la fois au secteur agricole et d'élevage, jugé prioritaire dès la création en 1976 du projet agricole „Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour“. Elle s'est investie tout entière dans la réalisation des plantations de café, de riz, de palmiers, d'arbres fruitiers, de maïs, de soja, d'ananas, de cannes à sucre et de manioc. Jamais la COYA n'a été aussi agricole et jamais la COYA n'a envahie de ses produits les agglomérations de ses alentours, autant que de ce temps-là.

Ensuite les générations que se succèderont à Yanga l'appelleront la bâtisseuse, tellement cette femme aura tant bâti dans sa vie en Ouganda, au Zaïre d'alors et en Angleterre. La COYA lui doit pratiquement tout ce qu'elle possède d'édifices en matiériaux durables tant bâtis qu'achetés à Yanga, au port de Samanuga, à Bena-Dibele, à Lodja et à Kinshasa. Sylvie s'est révélée l'incomparable dans sa méthode de travail en construction. Elle procédait par une division et une coordination des travaux qui sont devenues encore aujourd'hui une pratique bien entretenue à la COYA. Les contrats successifs ou simultanés donnaient à la fin un résultat rapide et splendide. Ainsi la fondation, l'élévation des murs, le toit, les portes et fenêtres, le crépissage, la peinture et l'ameublement étaient conçus en termes de contracts aux closes desquels la compétence, l'efficacité et la rapidité devenaient dans la mémoire collective des employés des valeurs sûres et rentables.

Femme, très sensible aux joies et aux peines de la nature humaine, Sylvie a beaucoup fait dans le domaine social avec un soutien constant des amis et des organismes d'aide de la Suisse, de l'Allemagne et de l'Angleterre. Ainsi sont nés les écoles maternelle, primaire et secondaire, le centre de santé avec un dispensaire qui porte son nom, une maternité, une pharmacie et un laboratoire.

Ainsi également ont vu le jour deux initiatives combien novatrices en matière de transport fluvial et aérien. Elle acheta le premier bateau, le M/B Samangua qui sera suivi ensuite par deux autres bateaux et trois barges devenus une propriété de toute une région traditionellement réputée pour son enclavement et jusqu'à son lit de mort, elle se battit pour que la COYA disposât d'un petit porteur. Ce précieux engin fut obtenu après sa mort grâce au concours financier de ses amis des USA et de sa ville natale, Bâle, en Suisse. Cet avion était voulu pour rendre des services rapides et humanitaires. Dieu seul sait ce que ces deux innovations ont permis d'envisager dans la suite sur la voie qui mène à la promotion du monde rural coupé du reste du monde!

Sylvie, on ne le soulignera jamais assez, voyait loin et grand et ne se limitait pas uniquement à ce qui vient d'être énuméré ici plus haut. Elle a conçu et maintenu des visites régulières des villages au cours desquelles l'on veillait à l'annonce de la Bonne Nouvelle, à l'achat des produits agricoles, aux ravitaillements des magasins des villages à partir du magasin central situé à Yanga, au renouvellement des stocks en médicaments et en articles scolaires sans oublier l'évaluation des objetctifs fixés ensemble lors des assemblées générales: l'entretien des routes, des ponts, des chapelles, des écoles, ...

Au quotidien, elle veillait ensemble avec les autres partenaires suisses présents à Yanga, à la bonne marche de la scierie, de la menuisierie et des autres secteurs des services généraux de la Coopérative.

Mis à l'école de cette dame aux ressources infinies, nous tous et toutes, avons beaucoup appris d'elle. Son excellence au service de Yanga, nous interdit jusqu'aujourd'hui de laisser tomber la COYA dans la médiocrité!

Vraiment il faut se l'avouer, rien de ce qui concerne le développement des Africains et Africaines n'est demeuré étranger à cette religieuse, éprise du Christ et du destin de notre cher Continent. Puisse-t-elle trouver des dignes successeurs en terres d'Afrique qu'elle a tant aimés!


Fait à Yanga, le 24 mars 2005

Abbé Nyeme Tese

Directeur diocésain de la Coopérative de Yanga

Sr. Sylvie Probst (1917 - 1990)

L'hommage posthume qui lui est ici offert voudrait témoigner aux générations présentes et à venir au Sankuru, en Ouganda, au Burundi, en Suisse et en Angleterre où elle a travaillé un modèle de vie dont aura encore longtemps besoin notre monde pour la tranfsormation de sa face si meurtrie.

Curriculum vitae de la Soeur Sylvie Probst

Silvia Probst est née le 1er mars 1917. Elle était le plus jeune des quatre enfants nés des parents Probst Steiner. Son lieu de naissance était Basel en Suisse. C'est là qu'elle a fait son école primaire et son école secondaire, après quoi, elle suivit pendant 2 ans des cours à l'Institut Théresianum à Ingembohl, en Suisse. En 1937, elle a rejoint la congrégation des « Ladies of Mary » en Angleterre. Elle a fait son Noviciat à Bruxelles et est rentrée dans cette congrégation en Angleterre en 1940 au cours de la semaine où la Belgique a été envahie par les soldats allemands. Elle a émis sa profession en Angleterre et y a commencé sa carrière d'enseignante comme professeur de langues dans des conditions difficiles pendant la 2ème guerre mondiale.

Elle a continué ses études à cette même période et a reçu son BA (diplôme de Bachelor of Arts) en 1948 à l'Université de Londres. Elle a enseigné l'anglais jusqu'en 1952.

Bien qu'elle aimait enseigner, elle avait un autre objectif : l'Afrique. En 1952, elle a finalement obtenu l'autorisation d'aller au Burundi où elle a enseigné dans un Institut Pédagogique à Busiga. C'est là qu'elle s'est rendue compte de l'importance des études médicales et est rentrée en Angleterre en 1955 pour suivre une formation en soins de santé à Londres ; et elle a obtenu en 1958 son SRN (diplôme médical reconnu par l'Etat), et son SCM (diplôme d'accoucheuse) en 1959.

Armée de cette double qualification, elle est rentrée en Afrique la même année, cette fois en Ouganda. Elle a d'abord travaillé comme infirmière ; ensuite elle a enseigné l'éducation sanitaire à l'Institut de Kinyamasika à Fort Portal. Ensemble avec ses étudiants, elle a organisé une clinique de santé pour enfants, des clubs de mamans, et des petites cliniques en milieu rural.

A la demande de Mgr Asta, Pro-Nonce Apostolique en Iran, elle a quitté l'Afrique en 1965 pour aller évaluer les besoins de santé à Téhéran dans le but d'y implanter un hôpital chrétien avec les Responsables de l'Ordre souverain de Malte comme sponsors du projet. Le projet n'a finalement pas abouti parce que les sommes d'argent qui avaient été souscrites n'étaient pas libérées.

En 1966, Sœur Silvia est de nouveau rentrée en Afrique, sur l'invitation de son Excellence Monseigneur J. Ogez de Mbarara pour superviser la construction d'un hôpital financé par Misereor. Son nouveau lieu de travail était le village lointain d'Ibadan. Là elle a commencé une aile de maternité et un hospice pour bébés ; et en 1970 avec le financement de Misereor, elle a réalisé sa plus grande œuvre : l'hôpital d'Ibadan avec 100 lits. Aussitôt après, elle fut appelée à Kampala et est devenue le Secrétaire Exécutif du bureau Catholique de l'Ouganda pour la santé. Pendant trois ans, elle a été chargée de faire la liaison entre 72 unités médicales dans le pays et le Ministère de Santé. En reconnaissance de son dévouement en faveur du système de santé en Ouganda, elle a obtenu la distinction honorifique Freedom de l'Ouganda en 1973. Elle voulait rentrer à Ibadan pour être plus proche de son peuple. Elle a commencé à faire des appels de fonds pour construire un centre d'accueil de bébés orphelins et de bébés abandonnés qu'elle a effectivement ouvert en 1975. Au même moment, elle a commencé un projet pilote en collaboration avec l'UNICEF pour la formation de Scouts chargés de la nutrition et débuté la construction d'une ferme modèle à Bisheshe près d'Ibadan. Son rêve était que cette ferme devienne le centre d'approvisionnement en nourriture pour les écoles et les centres de santé dans les années à venir. Sœur Silvia a initié et supervisé la formation des étudiants en premiers soins, en agriculture, élevage, couture et menuiserie. Ceci a conduit à des emplois futurs pour ces étudiants dans divers métiers productifs.

Toutes ces institutions à Ibadan sont maintenant entre les mains d'administrateurs africains compétents travaillant de concert avec les Filles de Marie et Joseph.

La dictature d'Idi Amin devint de plus en plus brutale et les étrangers n'étaient plus en sécurité. C'est dans pareilles circonstances que Sœur Silvia quitta le pays en 1977. En Angleterre une nouvelle mission l'attendait. A cause d'un changement d'orientation relatif à la politique éducationnelle, le collège d'Education Coloma dirigé par les Filles de Marie et Joseph fut fermé. Aussitôt après Sœur Silvia vit cette occasion unique qui s'offrait à elle de faire usage des bâtiments comme infrastructure pour des soins résidentiels. Elle a élaboré un projet pour transformer des résidences pour étudiants en hospice de vieillards qu'elle a appelé Sainte Anne. Pendant que le travail de construction progressait, Sœur Silvia n'est nullement restée inactive. Elle a effectué plusieurs voyages vers la Suisse pour obtenir des fonds pour ses projets africains auprès des organisations d'aide. A de telles occasions, elle a fréquemment visité les Sœurs de charité de la Sainte Croix à Ingenbohl où sa propre sœur, Soeur Irmgard Probst (1911 - 1997), enseignait. C'est là qu'elle a fait la connaissance du prêtre congolais, l'Abbé J. A. Nyeme Tese, un ami de la congrégation. Sœur Silvia était une femme pour l'Afrique. Mais rentrer en Afrique n'était pas possible à ce moment-là. A la demande de l'administration générale des sœurs d'Ingembohl, Sœur Silvia eut la permission de sa congrégation d'aider à mettre sur pied une coopérative à Yanga dans un district éloigné et très pauvre du Kasaï Oriental dans l'ex Zaïre.

Quand Sœur Silvia est arrivée à Yanga en janvier 1978, la population y crevait de faim. Elle a immédiatement acheté 10 tonnes de riz et a soulagé cette grande souffrance. Ensuite elle a commencé ses activités de développement : construction de maisons, de bureaux, de magasins, de routes et de ponts en bois. Son œuvre à Yanga porte encore toujours des fruits même aujourd'hui. Sœur Silvia est rentrée en Angleterre en 1980, quand il lui a été demandé de gérer l'hospice désormais achevé de la cour de Sainte Anne, une idée qu'elle avait conçue quelques années auparavant. Jusqu'à sa mort en 1990 elle a vécu et travaillé dans cet hospice dans le West Wickham près de Londres. De temps en temps, elle a effectué de longs voyages au Zaïre et en Ouganda pour voir comment ses projets évoluaient.

En reconnaissance de son travail remarquable en Angleterre et en Afrique, elle a reçu la plus haute distinction honorifique de Femme Catholique de l'année 1982, à cette occasion, un journaliste lui a demandé ce qu'était le but de sa vie. Elle a répondu: J'ai seulement répondu à un besoin là où il s'est fait sentir et, de fil en aiguille, un projet a conduit à un autre.

Le 22 février 1990, après de longs mois d'une souffrance patiente, Sœur Silvia est morte à l'hospice Saint Christopher à Londres où elle a bénéficié pendant ses derniers jours du soutien et de la compagnie de son ami fidèle et reconnaissant du Zaïre, Monsieur l'Abbé Jean-Adelbert Nyeme Tese.


La partie suivante sera composée de lettres écrites par Sœur Silvia à ses amis en Europe pourra nous édifier sur son travail acharné jour après jour pendant la période où elle a vécu en Afrique.

     Yanga, le 14 janvier 1978


Mes chères Sœurs en Angleterre, en Ouganda, et en Californie,

Vous vous demandez sans doute ce que je fais dans ce lointain Zaïre et comment je me suis installée. C'est un vrai travail de pionnier, un travail exigeant mais un grand défi. Une fois qu'un besoin est identifié et qu'on peut contribuer à y répondre, on ne fait pas grand cas des efforts et des souffrances à endurer.

Le vol de Kinshasa à Lodja prend 2 heures et demi dans un petit avion qui transporte moins de 30 passagers. Nous avions la chance de voyager par une belle journée ensoleillée ; j'ai réalisé combien nous avions de la chance quand nous étions sur le point d'atterrir sur une piste en terre avec juste une bulle d'air pour indiquer la direction du vent et deux huttes couvertes de chaume comme bâtiments d'aéroport. Il n'y a pas de communication entre le pilote et le personnel au sol. Le pilote doit trouver la voie à suivre et reconnaître les repères.

Le quartier général de cette coopérative est en 2 kilomètres du village. En 1976, Monsieur Notter de Merenschwand AG (Suisse) a sacrifié ses vacances et a construit un pont avec les villageois pour traverser la petite rivière qui sépare le village des bureaux de la coopérative. Au sommet de la colline, ils ont construit quelques huttes avec les matériaux locaux ; une d'entre elles est la maison que j'occupe à présent ; je suis l'unique personne provenant du continent européen. Les quatre premiers jours, l'Abbé Nyeme et son neveu étaient avec moi; c'était un grand réconfort. J'étais très impressionné de voir ce professeur descendre avec un groupe de villageois pour creuser trois étangs en vue de commencer un projet de pisciculture. Ils sont rentrés affamés, sales, assoiffés, mais très heureux d'avoir réalisé le travail en trois jours.

Il y a beaucoup à faire et je suis très contente d'avoir l'occasion de mener une vie missionnaire simple sans beaucoup de confort. A la place d'un lit, ils ont construit une sorte de couchette avec des sticks et des branches de palmiers sur quoi j'ai déposé un matelas épais de foin, mais je peux encore sentir les fougères à travers ce matelas. Je fais la cuisine sur trois pierres qui soutiennent la casserole en plein air derrière la maison. En dehors d'une grande table, d'une plus petite, et de quelques chaises, il n'y aucun autre mobilier de quelque nature que ce soit. Après le travail, les villageois viennent vers moi pour recevoir des soins médicaux. Presque chaque femme qu'on rencontre est enceinte, et elles ont commencé à venir pour les soins pré-nataux. Dans ma chambre à coucher, j'ai fixé quelques cordes pour y accrocher tous ce que j'ai comme possession. J'ai passé la commande d'une armoire et, croyez-moi bien, un réfrigérateur à pétrole – quand cela arrivera-t-il ? Ça arrivera peut-être après mon départ. Mais je pense rendre cet endroit un peu plus habitable pour mes successeurs potentiels. Frère Joseph des Passionistes est aussi en train d'apprêter une sorte de réchaud ou de cuisinière pour nous à Yanga. C'est cette cuisinière que nous permettra faire la cuisine avec du bois. Ce sera un peu mieux que 3 pierres sur le sol. A coté de la dame-jeanne d'où nous prenons de l'eau, j'ai une table faite de sticks sur laquelle nous pouvons sécher les assiettes et d'autres ustensiles au soleil. Chaque semaine, il y a quelque amélioration.



     Yanga, le 25 février 1978


Il y a 2 jours j'ai reçu mon premier article de luxe: un filtre à eau ! Le réfrigérateur que j'ai commandé à Kinshasa à la fin de décembre ne pouvait pas être envoyé à Lodja parce que ces avions sont trop petits.

Comme les gens ont des carences sérieuses dans les connaissnces religieuses et en matière de conviction et de foi, nous mettons l'accent sur la catéchèse familiale et nous dispensons un cours très simple pour les mamans. Aucun prêtre n'est venu à Yanga avant que l'Abbé Nyeme n'ait commencé ce projet. Il n'y a pas de catéchistes.



     Kinshasa, le 4 juillet 1978


A présent nous sommes occupés à acheter du carburant et du matériel de construction à Kinshasa pour remplir une barge de 200 tonnes, une barque qui est mise en mouvement par un moteur. Nous sommes parvenus à nous procurer 60 tonnes de ciment pour le Diocèse et pour nous-mêmes. J'ai littéralement passé toute une semaine à chercher du pétrole, du mazout et de l'essence.

A présent nous parcourons la ville pour nous procurer les biens dont nous avons besoin et demain nous pouvons commencer à charger la barge qui les amènera jusqu'à Bena Dibela, à 350 kms de Yanga, et cela prendra quatorze jours ou plus. C'est la saison sèche et on craint que le fleuve ne soit pas assez profond à certains endroits. Le 8 ou le 10 juillet, nous ferons un voyage de 8 jours par camion jusqu'à Yanga. Il serait plus prudent que j'accompagne le camion parce qu'il me sera plus facile à moi de franchir les nombreuses barrières de militaires qu'un simple chauffeur africain.



     Yanga le 25 avril 1979


Je ne peux plus me vanter de mener une vie simple de missionnaire dans une hutte en terre. Je suis récemment entrée dans une maison construite en matériaux durables. Une organisation suisse nous a aussi fait un don de 84 mille francs suisses pour l'installation d'une scierie pour le bois. Elle sera installée en juin, et nous attendons déjà toutes les machines pour une menuiserie. Nous sommes entourés de forêts tropicales et nous serons capables de fabriquer nos propres tables etc. Comme vous pouvez le voir, on fait des progrès grâce à nos appels de fonds. Comme vous pouvez le voir le Seigneur nous a été favorable. Notre plantation de café est en pleine croissance. L'année dernière nous avons transplanté 1472 caféiers, et j'ai une équipe de 5 hommes pour continuer à préparer le sol pour un peu plus de plante. Nous pouvons nous attendre à nos premières récoltes en 1981. Une amélioration majeure à signaler: Nous avons à présent une radio phonie à Yanga qui nous met en contact avec dix stations missionnaires dont par exemple celle de Kananga qui est éloignée de 600 kms. Nous pouvons aussi communiquer avec Kinshasa mais seulement en passant par des relais étant donné que notre radio n'est pas assez puissante. Chaque samedi matin, l'Abbé Nyeme nous contacte entre 9 heures et dix heures via Kananga. Nous communiquons avec le prêtre à Kananga, ce dernier transmet notre message à Kinshasa et nous donne la réponse par la suite. Nous pouvons aussi suivre pas à pas notre camion vers ou en provenance de Bena Dibela. Le chauffeur appelle à chaque mission et nous dit quand il y est arrivé et quand il a quitté.



     Nairobi le 17 décembre 1986


Au Zaïre, la vie est très trépidante. Notre petite barque « Samangua qui entraîne une barge pour un maximum de 110 tonnes, sur le fleuve Zaïre, sur les rivières Kasaï et Sankuru, s'est aventurée à travers les méandres de la petite rivière Lubefu à travers la forêt équatoriale à 30 kms de notre projet. Pour atteindre cet endroit, il nous a fallu refaire le pont sur la rivière Lutshu et réparer la route qui est environnée de ravins qui dépassent ma taille, et ouvrir approximativement 13 kms de forêt dense. Pendant que nos collaborateurs de Yanga étaient occupés à ceci, je suis allée jusqu'à la rivière Sankuru, notamment à la cité portuaire de Bena Dibele (deux jours de voyage par Jeep via Lodja sur des routes terribles) pour superviser le déchargement des biens de nos nombreux clients.

Une des raisons majeures pour lesquelles nous avons amené l'Abbé Nyeme à Bena Dibela était que pendant le déchargement de la barge la semaine précédente, j'avais trouvé une portion intéressante de terre près de la rivière. Il y avait deux bâtiments en matériaux durables avec de vastes dépôts inachevés. J'étais d'avis que nous devions acheter cette portion de terre et l'Abbé Nyeme était d'accord que c'était une portion de terre intéressante à un endroit approprié. Jusqu'à ce moment, nous dépendions de la mission située à 3 kms de là pour y stocker les biens. Nous avons négocié avec le propriétaire et avons signé un contrat comme quoi nous payerions 650.000 zaïres (12.000CHF) avant la fin de décembre. Notre agent de Bena Dibele était autorisé à occuper ce bâtiment le même jour et il fut convenu que nous allions achever les dépôts. Comme d'habitude, j'avais confiance dans la Providence Divine que l'argent serait en notre possession avant la fin du mois de décembre. J'avis tenté en vain de vendre ma voiture depuis septembre je devais faire une dernière tentative une semaine avant de quitter le Zaïre. C'était providentiel que je sois venu à Kinshasa une semaine avant, car j'ai trouvé un acheteur qui l'a payée cash. En fait, j'en ai tiré un profit de 513 francs suisses bien que le kilométrage était à 7.500 kms à cause de mes déplacements en Europe et à Kinshasa. Nous avons envoyé l'argent à Bena Dibele pour finaliser l'achat de la portion de terre mentionnée ci-haut. Nous avions même plus que ce dont nous avions besoin. La portion de terre elle-même mesure approximativement 64 mètres de longueur et 46 mètres de largeur.

    Londres, le 22 février 1990

    Abbé Nyeme décrit les dernières heures de Sr. Sylvie

    au „St. Christopher's Hospice“ à Londres.

A droite:

M. l'Abbé Nyeme, Sr. Sylvie et Mama Akatshi (Mère de l'Abbé Nyeme) en 1988 in Kinshasa

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Après que Soeurs Kathleen, Mary Peter et Margaret aient quitté sa chambre pour rentrer au couvent:

Sr. Sylvie souffrait tout particulièrement à partir des hanches jusqu'aux pieds. Elle m'a demandé de l'aider à se lever, à rincer la bouche couverte de sang avec l'eau salée au bicarbonate de soude, puis elle m'a demandé de la remettre au lit en veillant à placer bien sa tête sur l'oreiller. Elle a remercié. Elle remerciait très poliment pour tout petit service que je lui rendais: la moucher, lui donner un glaçon.

Elle suivait la prière et j'avais soin de lui demander de temps à temps si elle m'entendait et elle indiquait de la tête que oui.

Plus tard Sr. Bridie entra. Elle est une infirmière ayant travaillé longtemps au Burundi. Après un temps de silence nous nous mîmes à parler et je profitai de l'occasion pour lui dire ce qu'avait dit l'infirmière responsable concernant la mort imminente. Alors la Soeur Bridie me demanda si je pouvais supporter d'assister au moment de la mort et je répondis oui, car je me disais bien que tout mon voyage de l'Afrique avait pour but de venir assister Sr. Sylvie jusqu'à la mort et que le moment venu, il me fallait courageusement vivre ce moment de grâce.

Puis ensemble avec Sr. Bridie, je chantai: Maranatha, Maranatha, Maranatha, Seigneur Jésus! comme refrain à une prière d'intercession.

C'est dans ces circonstances que la respiration de Sr. Sylvie changea brusquement, devenant difficile et plus espacée. Les yeux étaient déjà fermés depuis un certain temps, alors maintenant la bouche se referma, car visiblement depuis quelques trois heures, elle ne savait plus respirer par le nez.

Sr. Bridie me dit qu'elle sortait appeler une infirmière, je restai seul pendant ce petit laps de temps avec Sr. Sylvie, en priant: Seigneur reçois auprès de toi ta servante. Elle t'a servi sans partage, oui, reçois-la.

Ainsi donc Sr. Sylvie est morte très pieusement, dans un climat de foi et d'espérance chrétienne le 22 février 1990 à 21h 20'. Une mort vraiment chrétienne et sainte, après avoir servi Dieu et le prochain avec un acharnement inégalé et après avoir eu la grâce les derniers jours de sa vie de s'adonner à la prière et à la méditation toujours plus intenses et profondes.